Bulletin d'informations
N° 11, juin 2003
Chers amis de Saint Benoît Labre sur le web,
La Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ me donne l'occasion de vous adresser un nouveau bulletin, quoique bref.
Vous êtes sans doute au courant qu'à l'occasion du Jeudi Saint de cette année, le Pape Jean-Paul II a publié une lettre encyclique portant sur l'Eucharistie. Certains d'entre vous l'ont certainement déjà lue. Si vous désirez vous procurer le texte, vous n'aurez qu'à cliquer sur son titre latin et vous serez renvoyés au site du Vatican : Ecclesia de Eucharistia. Cette lettre comporte six chapitres, en voici les titres : 1) Mystère de foi; 2) L'Eucharistie édifie l'Église; 3) L'apostolicité de l'Eucharistie et de l'Église; 4) L'Eucharistie et la communion ecclésiale; 5) La dignitié de la célébration eucharistique; 6) À l'école de Marie, femme "eucharistique".
Benoît Labre et le mystère de dépouillement du Christ dans l'Eucharistie
En lien avec Ph 2, 7-8, je vous reviens à nouveau avec le thème du mystère de dépouillement du Fils de Dieu, mais cette fois en lien avec l'Eucharistie. Si le Fils de Dieu a vécu un véritable dépouillement et dans son incarnation et dans sa passion, pour nous, il s'abaissa encore en se faisant présent au milieu de nous sous les espèces eucharistiques. Pour nous, le Fils de Dieu vit son mystère de dépouillement jusqu'en ses ultimes conséquences: pour nous, il se fait de plus en plus pauvre en se rendant présent sous les espèces du pain et du vin. "Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?" En parlant de la générosité du Christ, l'apôtre Paul a véritablement raison d'écrire : «lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté" (2 Co 8, 9). Nous sommes là en présence du mystère de l'amour de Dieu pour nous. Qui sommes-nous donc pour Dieu pour qu'il agisse ainsi à notre égard ?
Comment véritablement communier au Corps du Christ, sans participer à notre tour à son mystère de dépouillement. Comment «demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d'amour, devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement(1)», sans être configuré au Christ en son dépouillement pour les autres et ce, par amour du Père. Les purifications spirituelles en sont le moyen. Voulant résumer en quelques mots son étude de l'oeuvre de Jean de la Croix, le Père Jean-Claude Sagne écrit : «...le sentier du rien, la voie des purifications est une passion d'amour qui porte à rejoindre Jésus dans la faiblesse, l'obscurité et le délaissement avec lesquels il s'abandonne au Père(2).»
Cela étant dit, ne retrouvons-nous pas ici la magnifique figure de Benoît Labre allant d'église en église pour adorer le Christ présent dans le Saint-Sacrement ? Il passait tellement de temps en présence de l'Eucharistie qu'on l'a surnommé à Rome «le pauvre des Quarante Heures»(3). Cela n'est pas étonnant : «Depuis sa tendre enfance, Benoît était une âme eucharistique, comme en témoigne soeur Austreberthe Desplanques, ursuline, qui l'a connu alors qu'il était chez son oncle le curé d'Érin(4).» Inévitablement, Benoît, l'adorateur de l'Eucharistie, a été petit à petit purifié pour être configuré au Christ en son mystère de dépouillement. Le Père Temple, l'un des confesseurs de Benoît, lèvera le voile sur le secret de sa dévotion eucharistique : «l'amour de coeur et de volonté avec le Christ Rédempteur imité et suivi dans le chemin de sa Passion jusqu'à l'immolation suprême, dont l'Eucharistie est le sacrement(5).» Comment contempler le Christ sans lui ressembler spirituellement un jour. Le cardinal Garrone écrit : «C'est le Christ que nous sommes invités à contempler à travers le visage de Benoît [Labre]. Jésus outragé, humilié... l'avons-nous vraiment jamais regardé en face?(6)»
Dans sa lettre sur l'Eucharistie, Jean-Paul II nous rappelle que «l'Eucharistie est un trésor inestimable : la célébrer, mais aussi rester en adoration devant elle en dehors de la Messe permet de puiser à la source de la grâce(7).» Parlant de «l'adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques», il ajoute qu'«il est bon de s'entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf. Jn 13, 25), d'être touchés par l'amour infini de son coeur.(8)» Nous, les Amis de Saint Benoît Labre, ne sommes-nous pas invités à consacrer chaque jour un bon espace pour l'adoration eucharistique ? Si l'on ne peut se rendre à l'église, ne peut-on pas chez soi adorer Jésus présent sous les espèces eucharistiques conservées dans le tabernacle de l'église paroissiale ?
Conclusion
Comme le temps me manque pour vous adresser un bulletin plus développé, je vous envoie donc un bulletin plus bref que les précédents. L'important, c'est de garder un contact avec chacun d'entre vous. À ceux et celles d'entre vous qui prendront quelques semaines de répit en juillet ou août prochain, je souhaite de bonnes vacances "dans le Seigneur".
Que le Seigneur notre Dieu vous bénisse et vous fasse grandir dans son amour ! Union de prière et amitiés.
Raymond Martel, prêtre
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Références
- Jean-Paul II, Lettre encyclique sur l'Eucharistie, Jeudi saint 2003, no 25.
- Jean-Claude Sagne, Je cherche ton visage. Pour lire saint Jean de la Croix, Éditions de l'Emmanuel, 1997, p. 284.
- Joseph Richard, Le vagabond de Dieu. Saint Benoît Labre, Éditions S0S, 1976, p. 96.
- Ibid., p. 94.
- Ibid., p. 99.
- "Sur la route avec Benoît Labre", Fêtes et Saisons, no 366, juin-juillet 1982, p. 25.
- Lettre encyclique sur l'Eucharistie, no 25.
- Ibid.